Alors, un événement important a eu lieu dans la vie culturelle du pays: Dimash a été invité sur la scène d’une célèbre chaîne MTV, où il chantait en kazakh. J’ai apprécié l’importance de cet événement par la réaction aux États-Unis, la Chine, la France, le Mexique, l’Australie… et par l’admiration du son fan groupe Dears. En outre, jusqu’à présent, la scène internationale de MTv est restée inaccessible à notre peuple.
À la veille de l’apparition très attendue de Dimash sur MTV, j’ai reçu un appel téléphonique d’une Française, une membre du fan club parisien Dears, Dimash Kudaibergen France. Elle m’a dit que le groupe parisien souhaite me rencontrer autour d’un café pour discuter sur un thème commun: la créativité de Dimash.
À première vue, il n’y a rien à discuter: on peut tout simplement allez sur YouTube et écoutez ses chansons. Mais le sujet du jour était très précis: «La philosophie et les secrets profonds de la langue kazakhe». Sur l’exemple de la chanson Daididau.
Je n’aurais jamais deviné qu’une telle formulation de la question liée à la langue kazakhe était possible. Il s’agissait de la magie de la langue, qui venant de la bouche de Dimash a attiré et captivé de nombreuses personnes…
En aucun rêve je ne pourrais même rêver d’une telle demande, surtout en France, la patrie des maîtres de l’écriture, comme Victor Hugo et Alexandre Dumas. Évidemment, j’étais flatté, mais j’ai demandé une pause. Et depuis, je réfléchis profondément. Qui pourrait le faire mieux que moi?
Olzhas Suleimenov, qui est l’auteur de nombreuses études sur le thème de la langue? Mais il n’est pas à Paris actuellement.
Seitkasym Aouelbekov, un philosophe parisien et expert de la langue kazakhe?
Kanat Tassibekov, un francophone, l’auteur d’un manuel pour ceux qui souhaitent apprendre la langue?
Mark Basso, dont l’amour pour notre Tatiana l’a motivé à apprendre la langue kazakhe et à savoir même prononcer des toasts en kazakh lors de grands galas?
Sans aucun doute, Gerold Belger, un aksakal, l’auteur de l’ouvrage précieux « La langue kazakhe » l’aurait le fait le mieux. Qu’il repose en paix.
Ou encore le professeur Fischler, qui une fois dans sa maison à Fontainebleau a posé un disque vinyle sur la platine et en attendant le dessert, nous a raconté avec inspiration l’histoire de l’apparition de « Kishkentai », la mélodie d’un compositeur kazakh Kurmangazy?
Néanmoins, ils ont besoin d’un locuteur natif du kazakh qui habite à Paris. Leur choix est tombé donc sur moi. Je ne savais pas que notre connaissance à cause de Dimash il y a 2 ans à Cannes, conduirait à une telle demande.
Il est surprenant que le répertoire de Dimash, adressé à l’art populaire, touche profondément les sentiments et les émotions de nombreux peuples du monde, qui auparavant ne se doutaient même pas d’un si grand potentiel positif de la langue kazakhe.
Il existe une idée que le français est la langue de l’amour. La chanson folklorique Daididau interprétée par Dimash, représente la langue kazakhe dans la même dimension, et c’est déjà un phénomène planétaire. Cela peut être confirmé par de nombreuses fan pages qui existent sur Facebook. L’année dernière, il y avait au moins dix millions de membres de ces fan pages dans le monde! Et bien sûr, il est impossible de calculer une énorme armée de fans en Chine.
La langue maternelle de Dimash, vouée à l’extinction trente ans plus tôt (héritage de la politique linguistique de l’ex-Union soviétique), renaît aujourd’hui. Et elle renaît depuis ces dernières années, grâce aux chansons de Dimash, qui met son âme dans chaque mot, dans chaque intonation. Cependant, il ne s’agit pas seulement de sa voix incroyable, qui a déjà eu une reconnaissance mondiale comme l’une des meilleures voix du monde. Nous parlons plutôt du pouvoir passionnant des mots qu’il transmet. Cela crée une perception incroyable et la transformation d’un auditeur reconnaissant en un fan à la fois de Dimash lui-même et de la langue dans laquelle Dimash chante.
Si l’amour non-partagé est présenté comme celui de Roméo et Juliette de Shakespeare dans la chanson Daididau, dans la chanson folklorique Karagym-Ai, l’amour est présenté dans un style plutôt patriotique. Concernant la partie instrumentale, dans le premier cas, c’est une dombra qui domine, dans l’autre chanson c’est déjà un kobyz.
En outre, j’ai l’impression qu’avant Dimash, le monde ait entendu ces deux instruments, mais ne les ait jamais vraiment écoutés… Et aujourd’hui, c’est grâce au virtuose Dimash, que tout le monde peut connaître nos sons kazakhs naturels.
Bien entendu, la prochaine réunion nécessite une bonne préparation philologique. Dans ma bibliothèque personnelle, j’ai trouvé les ouvrages suivants : « La langue d’écriture » et « Le code du mot » d’Olzhas Suleimenov, « Le fil conducteur des temps » de Murat Auezov, « La magie du mot » de Vadim Boreiko…
Cependant, ils ne m’ont donné qu’une approche globale pour comprendre la magie de la langue, mais pas spécifiquement la langue kazakhe.
J’ai trouvé également des livres d’Abaï Kounanbaïouly, d’Ilias Esenberlin, d’Abdizhamal Nourpeisov et eux, ils sont déjà plus proches du sujet déclaré par les admirateurs parisiens du talent de Dimash. Mais comment les informer sur notre langue maternelle, sur ces subtiles nuances sonores qui forment ce sens magique, si rapidement capté par un auditeur reconnaissant même sans connaître et comprendre les mots? Bien sûr, l’aura du chanteur lui-même, la force et les traits vocaux de sa voix merveilleuse donnent une beauté particulière à chaque mot chanté.
Et maintenant, j’ai hâte de rencontrer Dears parisiens dans l’espoir de m’enrichir de la connaissance de ce miracle de l’influence d’un phénomène aussi mondial et aussi kazakh que Dimash sur une armée de ses fans. Une armée qui est immense, aimante et infiniment reconnaissante. Comment pouvait-il tellement influencer l’esprit des gens pour les intéresser à une étude approfondie des mystères et des significations philosophiques d’une langue inconnue? Les gens, les adultes qui n’ont jamais entendu parler de l’existence ni de notre peuple, ni de notre langue kazakhe…
J’ai assisté aux concerts de Dimash à Londres et à New York et j’ai vu le plaisir et l’enthousiasme des gens dans la salle. Le public a chanté en kazakh même plus qu’à Astana. J’ai aussi remarqué que beaucoup de fans enregistrait la chanson Daididau sur leurs portables.
La popularité de la langue kazakhe augmentera sans aucun doute. Grâce à Dimash et à ses chansons. La renaissance est inévitable. Il est un motivateur. Cependant, il existe quand même un risque de déception pour les étrangers qui essayeraient de nous parler en kazakh au Kazakhstan. Nous pouvons les choquer avec notre niveau de maîtrise de notre langue maternelle.
Revenons très vite à l’école:
Қазір немесе ешқашан / Maintenant ou jamais!
Dimash est un véritable motivateur de la renaissance de la langue kazakhe, que nous n’avons pas vue depuis 30 ans de notre indépendance. Le TALENT de Dimash est reconnu au niveau mondial. Maintenant, son GÉNIE est également visible partout dans le monde! La combinaison de ces qualités est très rare.
Allez-y, Dimash.
Berlin IRISHEV, Paris, 14.10.2020